Suivi de l’élevage Guttatophiles

Vous trouverez ici des articles sur les spécimens que je possède. Attention le terme « élevage » est utilisé pour vulgariser, je n’ai pas vocation à être éleveuse professionnelle, à faire des centaines de reproduction et autres. J’ai moins d’une dizaine de spécimens, ce que je trouve déjà bien assez, car ma passion c’est de les observer et reproduire leur environnement. Ces articles sont donc ici juste pour tenir au courant des petits nouveaux, et faire part d’observations sur leur comportement par exemple.

Qu’est-ce qu’une rétention de sperme ? C’est quand une femelle Gutt, qui a été reproduite avec un mâle, fait plusieurs pontes séparées et fertiles à la suite de cet unique accouplement. Elle stocke dans son organe reproducteur l’excédent de sperme pour l’utiliser plus tard.
C’est ce qui s’est passé chez moi en 2020.

Reproduction 2019

Pour retracer toute l’histoire et comparer, retournons en 2019.

Après quelques mois d’hivernation (2 de mémoire), le 08 mars 2019 a lieu la mue post-hivernation pour Opale. Celle-ci indique généralement le début de l’ovulation et de la période de reproduction. La femelle pèse alors 330 grammes à sa sortie d’hivernation.

Présentée à un premier mâle à la suite de cette mue, aucun lock n’est constaté, le mâle fuit, se met en boule dans un coin mais rien ne se passe… Changement de plan après quelques semaines et présentation d’un nouveau mâle.

Le lock est alors constaté le 19 avril. Entre la sortie d’hivernation et le lock, la femelle a reçu un nourrissage intensif afin de lui apporter des réserves pour surmonter la ponte. Elle est passée de 330 grammes à 487 grammes.

La mue de pré-ponte survient le 19 mai 2019, puis la ponte le 29 mai, soit 10 jours plus tard. La femelle pèse après ponte 333 grammes. Elle a donc perdu 154 grammes par rapport à la dernière pesée. Elle n’a malheureusement pas été pesée juste avant la ponte.

18 œufs sont pondus dont 4 slugs. 14 bébés naitront quelques semaines plus tard, le 30 juillet, soit 62 jours plus tard avec une température d’incubation de 27°.

Rétention de sperme 2020

Après 3 mois d’hivernation, les serpents sont tous réveillés mi-février. Les premiers repas ont lieu le 1er mars.

À la sortie d’hivernation, Opale pèse 320 grammes. J’ai peu sur-nourri après la ponte, elle a perdu 8 grammes pendant l’hivernation.

Les mues de tous mes spécimens s’enchainent dans les semaines qui suivent cette reprise de l’alimentation. Toutes sauf celle d’Opale. Nous voilà début avril et c’est la seule qui n’a pas mué alors qu’elle mange très bien.

À ce moment, je trouve cela étrange mais ne m’inquiète pas.

Le 23 avril, c’est son comportement qui m’intrigue. Suite à une vaporisation du terrarium (elle est en terrarium naturel planté), la voilà qui se met à creuser le sol. Au niveau de la morphologie, je la trouve maigre alors qu’elle a pris du poids : Le dos semble légèrement triangulaire par rapport aux flancs qui semblent élargis. Je la pèse à 386 grammes ce jour-là, une prise de poids qui semble rapide par rapport à la fréquence de nourrissage. Elle a pris donc 68 grammes en un peu plus d’un mois, ce qui sort des habitudes. Lors de la manipulation pour la pesée, une sensation de boules dans son corps m’intrigue. Tous ces éléments mis bout à bout (absence de mue, comportement, morphologie, présence de boules) commencent à me faire suspecter une gestation non prévue.

C’est seulement à ce moment que j’augmente la fréquence de nourrissage. Elle passe d’une souris 23-30g tous les 15 jours à une par semaine.

Le 24/05/2020, ça y est, enfin la première mue 2020 pour Opale… Je dispose une boîte de ponte dans le terrarium, qu’elle va aller visiter régulièrement pendant les jours à venir.

Le 30/05/2020, ça y est, elle refuse son repas. Je propose un petit rat (une dizaine de grammes), qu’elle renifle et boude. Donnant rarement du rat, je propose ensuite une sauteuse de souris afin de vérifier que ce ne soit pas l’odeur différente qui la rebute. Même réaction : elle semble intéressée, vient renifler et fini par se détourner. J’ai proposé plus petit car à ce stade de la gestation, les œufs prennent souvent une place importante, ce qui les empêche de prendre des proies de taille habituelle.

Ce refus me fait présager que la potentielle ponte s’approche. Je la pèse pour avoir une donnée de poids juste avant ponte : 392 grammes. Malgré la hausse de nourriture, elle n’a quasiment pas pris de poids depuis le début supposé de la gestation. Tout serait directement assimilé par les œufs ?

Je profite de cette pesée pour la palper et estimer le nombre d’œufs. Il me semble sentir une dizaine de boules.

Durant les jours qui suivent, le comportement typique d’avant ponte a lieu : exploration incessante de tout le terrarium, séjours prolongés dans la boîte de ponte, creusage du sol à la moindre humidification.

Le jeudi 02/06/2020, elle creuse la boîte de ponte, retourne la sphaigne, force contre les parois en plastique. Je rajoute de la mousse humide afin d’augmenter la hauteur de substrat et lui permettre de s’y enfouir totalement. Ce qu’elle fait, à partir du vendredi matin elle est enfouie sous la sphaigne, sans écaille qui dépasse.

Le vendredi en soirée, sa tête dépasse à un moment, mais c’est tout. Plus aucune sortie de la boîte.

Le vendredi 03/06/2020 vers 23h30, dernière vérification de la journée : une petite partie de son flanc est visible le long d’une paroi de la boîte. Des contractions musculaires ont lieu, non liées à un déplacement puisqu’elle fait du sur place. Je suppose alors que le travail est en route.

Supposition confirmée le lendemain à 8h30 lorsque je dégage du substrat pour la voir. Une grappe d’œuf est visible, tandis que la mère est bien lovée autour. Les œufs sur le dessus ont l’air viable, ceux du dessous présentent des formes moins rassurantes. Les œufs non fécondés en quantité sont fréquents lors de ce genre de ponte.

N’arrivant pas à voir s’il lui reste des œufs dans le corps, je la laisse tranquille jusqu’au lendemain.

J’en profite tout de même pour faire des relevés de température et d’humidité dans la boîte.

En fin de journée du samedi, la boîte est à une température ambiante de 26 degrés. Elle est située au point froid du terrarium, qui est chauffé par lampe.

L’hygromètrie à l’intérieur de la boîte est de 90% (substrat : sphaigne et mousse), tandis que l’hygro ambiante du terrarium est de 60%.

Une fois la lampe éteinte, la température chute jusqu’à 20° au cours de la soirée et pour le reste de la nuit.

Dimanche 07/06/2020 au matin, la femelle est toujours dans la boîte. Je laisse encore tranquille et n’intervient qu’à 13h45 pour vérifier la femelle.

Je la déloge de la boîte, la retire d’autour de ses œufs pour la palper et vérifier que la ponte est bien terminée. Une autre fois, j’aimerais la laisser avec les œufs pour voir au bout de combien de temps elle les quitterait naturellement. Mais cette ponte n’étant pas prévue, les slugs étant parfois un facteur aggravant de rétention et sa condition physique n’étant pas préparée, je préfère intervenir encore pour cette fois.

À la palpation, aucun œuf n’est senti, elle a bien tout évacué. Un petit tour par le bol d’eau où elle boit pendant quasiment une bonne minute, puis elle va se cacher dans le terrarium. C’est le moment de voir le résultat de cette ponte surprise.

Premier constat : je m’améliore à la palpation. 11 œufs se trouvent dans la boîte de ponte, disposés en grappe.

Deuxième constat : un grand nombre de slugs (œufs non fécondés) semblent présents. En effet, sur les 11 œufs, seuls 4 ont une apparence viable. Ils sont blancs, bien gonflés, fermes au touché et ne collent pas. Les autres œufs ont des formes et tailles très variables et sont très collants, la sphaigne reste adhérée.

Contrairement à l’année passée, les œufs se décollent facilement les uns des autres. J’arrive à isoler les œufs qui ont l’air viables des autres pour les placer dans une boîte direction l’incubateur. Cette année, j’essaie l’incubation à 26°.

Récapitulatif

La ponte par rétention de sperme a présenté un nombre d’œufs moins important que l’année précédente. Cela peut s’expliquer par le manque de semence, mais aussi peut-être la condition physique moins préparée.

Le nombre de slugs est très élevé, ce qui était attendu.

La perte de poids a été moins importante, mais cela peut être lié à la taille de la ponte plus petite.

Il est étonnant de constater qu’elle a gardé à peu de choses près un calendrier de reproduction assez proche de celui de l’année passée. Sans lock, il est impossible d’estimer une durée de gestation, mais la ponte n’est au final pas très éloignée de la date de l’année dernière (une dizaine de jours plus tard). Alors que, n’ayant pas besoin de mâle, elle aurait pu déclencher la ponte « quand elle le souhaite ». Quels facteurs influencent cela ? Des facteur environnementaux extérieurs ? (Température, ensoleillement…) Des facteurs physiques en fonction de la prise de poids ? Impossible de savoir à mon niveau.

Conclusion

La rétention de sperme est un événement relativement peu documenté dans les livres traitant du Pantherophis guttatus. Il est bien plus souvent évoqué une deuxième ponte qui a lieu la même année. Pourtant, celle-ci est bien moins systématique que ce qui est souvent écrit.

Dans mon cas, je n’ai eu aucune 2e ponte l’année dernière. Une possibilité est que le nourrissage n’a pas été assez intensif pour lui permettre de reprendre assez de forces pour en enchainer une deuxième, elle a alors attendu un an de plus pour utiliser le sperme restant.

Pourtant, en suivant les posts sur un groupe Facebook spécialisé Gutt depuis plusieurs années, je n’ai pas mémoire de cas de deuxième ponte dans l’année à partir d’une rétention de sperme. Par contre, les cas de pontes l’année suivante sans mise en présence d’un mâle sont moins rares. Les deuxièmes pontes la même année sont plus fréquentes lorsqu’elles sont planifiées : après la première ponte, la femelle est remise avec un mâle.

Cela montre aussi que nous avons beau vouloir contrôler, planifier la nature, avoir pour passion des animaux nous rappelle qu’ils gardent toujours une maîtrise de leur propre vie malgré la captivité. C’est à nous de nous adapter, et de savoir les observer pour réagir au mieux.

Je vois souvent, via des demandes sur la page Facebook Guttatophiles ou sur des groupes Facebook, des personnes qui s’inquiètent parce que leur Gutt juvénile a loupé un repas ou plus.

L’article d’aujourd’hui ne parlera pas de Gutt, mais il aura l’intérêt de rappeler que les serpents ont bien plus de réserves que l’on a tendance à le croire de notre expérience de leur vie captive. Il présentera aussi quelques méthodes de démarrage d’un juvénile et de présentation de proie, avant d’essayer toute méthode de semi-gavage ou gavage.

Présentation de l’animal : Elaphe climacophora

Je n’avais encore pas du tout présenté ce nouveau venu que ce soit sur le site ou la page Facebook, car j’attendais qu’il mange 😉 Voici son histoire :

Il (ou elle, sexe indéterminé) est né le 1er septembre 2017. Fin octobre, peu de temps avant la bourse d’Arras, je tombe sur l’annonce leboncoin de sa mise en vente. L’Elaphe climacophora était la dernière espèce que je voulais absolument avoir, mais j’avais des exigences précises : je voulais un spécimen bleuté. C’est une caractéristique de la localité Kunashir, dont l’origine assurée est parfois difficile à vérifier. Comme toute localité, cette dénomination finira sûrement par perdre de sa valeur, et désigner des spécimens bleutés sans assurance de la lignée.

Ici le jeune serpent ratier japonais n’était pas indiqué comme Kunashir, mais les parents présentaient un début de corps joliment bleuté. De plus, en voyant leur photo, je me suis rappelée les avoir vu en vidéo sur Youtube et avoir déjà craqué à ce moment-là. Le petit, seul né de la ponte, présentait des reflets turquoise sur le corps.

Durant les échanges de mail, le vendeur a bien précisé qu’il ne pouvait assurer que le petit présenterait une couleur bleue comme ses parents ou que la localité était de la Kunashir assurée. Il me prévient également rapidement que le petit a eu ses premiers repas via du gavage.

N’ayant jamais eu de démarrage à faire, cela m’inquiète d’abord. Puis à la vue des dates de nourrissage, il me semble que le gavage a été entrepris un peu tôt. L’animal a donc des réserves, et d’après les expériences variées d’éleveurs chevronnés, j’estime avoir quelques mois d’essais devant moi avant qu’un jeune impacte sa santé. De plus, le coup de cœur est là ! Je décide donc que ce sera l’occasion d’essayer différentes méthodes de démarrage en vue de mon futur projet de reproduction, je serai moins stressée à ce moment-là. Enfin, deux éleveurs de longue date me soutiennent et me conseillent via messagerie durant toutes les tentatives.

Rappel : le gavage consiste à insérer de force au fond de la gorge du serpent la proie entière. Cela est très traumatique pour l’animal ! Et peut irriter voire blesser la gorge de l’animal si mal effectué. C’est une technique à n’utiliser qu’en tout dernier recours ! Toujours procéder au semi-gavage avant (si TOUTES les autres techniques ont été testées et ont échoué, et que l’animal perd du poids).

Informations sur l’espèce Elaphe climacophora

L’Elaphe climacophora, ou serpent-ratier du Japon est une couleuvre de taille moyenne (1m50-1m80) de couleur vert métallique. De nombreux reflets parcourent ses écailles. On trouve une mutation albinos naturelle, vénérée et protégée par les habitants du coin. Une mutation lignée se trouve également en captivité.

Peu fréquente dans nos terrariums français bien qu’elle ne présente pas de difficulté d’élevage majeur, cette couleuvre se nourrit facilement de rongeurs. Dans la nature elle semble aimer les points d’eau, de nombreuses vidéos montrent des spécimens nageant dans des cours d’eau ou des canaux.

Tentatives de démarrage d’un Elaphe climacophora juvénile

Le 5 novembre, je récupère l’animal en soirée via un blablacar qui a gentiment accepté de prendre ce petit dans sa voiture. Coup de chance, car les trajets de covoiturages n’étaient pas nombreux ce jour-là, et le timing était serré avec l’aller-retour à Arras de mon côté qui avait bien sûr été effectué dans la même journée. Que de kilomètres ce jour-là !

Le climacophora juvénile est installé au chaud dans sa grande fauna aménagée, puis une semaine plus tard, commencent les tentatives de nourrissage.

1er essai le 12 novembre : rosé décongelé à l’eau posé une nuit dans la fauna

On commence par la méthode classique, mais parfois le changement d’environnement peut les décider. À ce moment-là, le petit pèse 20g et n’a pas mangé depuis le 18 octobre, c’est-à-dire un peu moins d’un mois. Rien ne presse, il a toujours ses réserves de ses repas gavés précédents.

La proie est présentée à la pince, mais l’animal se détourne et la fuit constamment. Il ne semble absolument pas intéressé. Je le tapote gentiment avec la proie pour essayer de l’énerver et le faire taper le rosé, mais celui-ci se défile constamment. Je pose donc le rosé de souris sur le sopalin à l’entrée de la cachette pour la nuit. Au matin, la proie est toujours là, poubelle donc malheureusement.

2e essai le 19 novembre : rosé décongelé sur radiateur avec un poussin congelé

J’essaie ensuite une recommandation d’un ami éleveur qui a un très bon taux de réussite sur ses Gutts et régius : un rosé frotté sur du poussin. Pour maximiser les résultats, je décongèle le rosé dans le sac de congélation du poussin sans utiliser d’eau afin de garder toutes les odeurs. Nouvelle présentation à la pince, même comportement que la fois précédente, la proie est refusée à nouveau. Je la frotte alors sur un bout de mue d’iguane que j’avais demandé à une connaissance et je lui perce le crâne, le tout pour le tout ! Pas plus attrayant…

3e essai le 21 novembre : grillons vivants

Suite à ces échecs, j’essaie une proie un peu différente : du grillon vivant ! En effet, dans la nature les portées de jeunes souris ne sont pas forcément simples à trouver. Les serpents prennent donc ce qui leur tombe sous la gueule pour commencer, et cela peut être des bébés lézards ou des insectes ! 2-3 grillons vivants sont placés dans la faunabox, avec des fruits et du coton humidifié pour qu’ils s’alimentent. À la fin de la semaine, les stridulations sont toujours là, pas un seul grillon mangé.

Dans les jours qui suivent après prise de conseils sur un groupe spécialisé en colubridés asiatique, des éleveurs anglais me conseillent de le faire hiverner. En effet, d’autant plus pour les juvéniles nés en fin d’année, la baisse de luminosité influence sur leur horloge biologique, qui les préviennent de se mettre à l’abri du froid et d’attendre le printemps, coupant toute envie de s’alimenter. Trouvant l’idée intéressante et avec une logique de reproduction du cycle naturel qui me plaît, je me mets en quête d’une cave à vin électrique descendant à au moins 12°pour y placer le petit.

25 novembre : pesée du petit : pas un gramme de perdu.

C’est bon signe, je me motive donc pour l’hivernation et commence une baisse progressive des températures. Celle-ci se fera sur environ 2 semaines jusqu’à atteindre 12° dans la cave à vin. Le petit a à cette occasion gagné une faunabox plus petite et spartiate. L’eau est changée seulement une fois par semaine pour éviter au maximum le dérangement.

3 décembre environ : c’est parti pour plus d’un mois d’hivernation ! Cette technique est parfois utilisée chez les espèces délicates avec beaucoup de succès.

Mi-janvier, hausse progressive des températures. Une fois la température revenue à la normale (aux alentours de 28°), je décide de le laisser dans sa fauna plus restreinte plutôt que de le remettre dans sa fauna « grand luxe ». Comme il y a passé 1 mois et demi il y est sûrement plus rassuré et l’environnement davantage imprégné de son odeur.
Pas de pesée à la sortie de l’hivernation car j’ai voulu limiter les manipulations et le stress au maximum.

4e essai le 29 janvier : un rosé décongelé avec un poussin

Une semaine après un retour à la normale des températures, je retente avec un souriceau congelé présenté dans la faunabox. La boîte est couverte pour que l’animal soit dans le noir. Malheureusement nouveau refus, je commence à m’inquiéter.

Il reste une dernière méthode que l’on m’a conseillé et que je n’ai pas testé : le rosé de souris trempé dans du jus de thon. Des éleveurs me confortent dans la réussite de cette méthode avec certaines espèces difficiles.

5e essai le 4 février : rosé décongelé dans du jus de thon

La méthode est la suivante : acheter une boîte de thon au naturel, en récupérer le jus, chauffer celui-ci au micro-onde puis décongeler la proie dedans.

Le tout pour le tout avant le passage au semi-gavage, je groupe toutes les méthodes. Le climacophora est placé dans une boîte à grillons sur un tapis chauffant avec le rosé de souris décongelé au jus de thon, et un rosé décongelé à l’eau ayant le crâne percé (on ne sait jamais que l’une ou l’autre odeur lui ouvre l’appétit). La boîte est alors couverte d’un linge opaque, et je reviens voir le résultat uniquement le lendemain matin.

Miracle ! Les deux rosés sont dans le ventre du climaco au matin. Dommage que du coup, je ne sache pas exactement quel rosé a ouvert son appétit. Mais lors de sa mise dans la boîte, il m’a semblé intéressé par le rosé « saveur thon ». Mais voulant éviter tout stress j’ai vite couvert la boîte pour le laisser tranquille.

Photos moches mais je n'avais pas pensé sur le coup que je pourrai les utiliser plus tard ;)

Photos moches mais je n’avais pas pensé sur le coup que je pourrai les utiliser plus tard 😉

Pour le moment, pas de soucis depuis ce démarrage !

Le 11 février, je présente un rosé à tête percée à la pince. Il ne tape pas mais semble intéressé, dardant la langue frénétiquement et s’agitant frénétiquement dans sa cachette. Je pose le rosé dans la fauna, et 30 minutes plus tard en repassant je constate que la proie a été avalée.

Les amis éleveurs me conseillent alors de ne plus proposer que du rosé « nature », sans aucun artifice, ceci afin d’éviter qu’il ne s’habitue à un goût particulier et ne mange plus que ça.

Le 18 février, présentation d’un rosé à la pince, qui après quelques secondes sans bouger est pris à même la pince. Ce petit semble bien parti ! La fréquence de nourrissage va temporairement être augmentée à tous les 5 jours afin qu’il reprenne des forces. Je ne l’ai pas repesé, mais il a tout de même passé 16 semaines soit plus de 3 mois sans manger.

elaphe-climacophora

Conclusion

Il ne faut donc pas paniquer si un serpent loupe ou deux repas. Ils ont généralement des réserves pour tenir. À la naissance, les petits absorbent le contenu du sac vitellin, ce qui leur donne des forces pour leurs premières semaines de vie sans manger.

Attention ! Le cas abordé ici est pour des colubridés ! Des éleveurs m’ont informé que chez le Python regius, après à peine un à deux mois, les nouveau-nés qui n’ont pas démarré dépérissent rapidement. Le semi-gavage et gavage est donc plus fréquent chez cette espèce, et sans doute d’autres. Renseignez-vous bien sûr en fonction de votre espèce. L’expérience qui m’a été partagée est que les nouveau-nés couleuvres sont généralement bien plus résistants, mais bien sûr des cas particuliers peuvent survenir en fonction des espèces.

Les Gutt par exemple sont des durs à cuire qui peuvent se passer plusieurs mois de manger. Un juvénile ou adulte qui dépérit rapidement après seulement quelques repas de loupés est peut-être malade ou victime d’une pathologie. Une prise en charge vétérinaire rapide est donc conseillée.

En complément je vous invite également à lire le Reptil’mag numéro 69, dont un article est dédié au démarrage des ophidiens. Un tableau statistique indique notamment un taux de démarrage bien plus important lorsque la proie est présentée 1 mois après la naissance du juvénile. La patience est donc de mise ! Et c’est d’autant plus important en terrariophilie, où la précipitation peut amener à des soucis pour l’animal. Quarantaine évitée qui conduit à la propagation de maladies ou acariens, nourrissage trop fréquent, manipulations trop fréquentes, ouverture de l’incubateur trop fréquente ce qui impacte le taux d’humidité et la réussite de l’incubation…

En résumé, que ce soit pour un démarrage ou suite à un refus de s’alimenter, ne paniquez pas ! Les serpents ont des réserves et beaucoup de méthodes sont à tenter avant de passer au gavage 😉

Bonjour à tous,

Le cheptel Guttatophile accueille son 2e membre Gutt ! Voici Opale, une petite Extreme Reverse Okeetee. Elle a été ramenée des Reptiliades, de l’élevage ScaleS (un tour sur son site internet ou son Facebook ?).

Le projet est de l’accoupler avec Grenat, typé Okeetee Abbott, afin d’obtenir de jeunes Okeetees très marqués grâce à la sélection des deux parents.

Le petit le plus marqué serait ensuite accouplé avec une demoiselle Extreme Tessera Okeetee. Cette demoiselle devrait j’espère arriver l’année prochaine, les parents ont été repérés chez une éleveuse anglaise, qui malheureusement n’a pas eu de petits avec ce couple cette année.

Tous les projets de reproduction chez Guttatophiles seront à base d’Okeetee, car c’est ma couleur préférée chez les Gutts toutes mutations confondues. Je ne pense pas faire beaucoup de reproduction, je le fait uniquement par passion pour essayer d’obtenir des individus qui me plaisent encore plus.

Place aux photos !

Bonjour !

Juste un petit post pour faire un « état des lieux » de mon Gutt et de mes observations à son propos après maintenant environ 4 mois qu’il est à la maison.

Il est essentiellement nocturne. Pendant la période de canicule, il est parfois sorti un peu plus tôt, aux alentours de 20h. Le reste du temps, je sais qu’il se balade la nuit que de lors de rares allumées de la lumière de la pièce tard (23h minimum pour espérer le voir en général), et grâce aux crottes que je trouve le matin après la période de digestion.

Lors des manipulations, (pour le nourrissage hors terra) il est généralement calme dans les mains, et plus actif dans la boîte, d’où il cherche rapidement à s’enfuir.

Il a fêté sa première année le 20 Août. Je l’ai donc pesé et mesuré à ce moment là : 36 grammes et 57 centimètres. Oui, un retard de croissance qui pour l’instant ne se comble pas, avec des mues presque tous les deux mois. Le passage au blanchon n’y a rien fait, mais il gagne 2 grammes à chaque repas. Ne voulant pas le gaver pour autant, il est toujours nourris une fois par semaine, j’essaierai peut-être de le passer à tous les 5 jours.

Il a sa cachette préférée, son temple en plastique qui semble lui convenir à cause des renfoncements assez exiguës.

Le projet d’élevage est également monté. Je n’aurais que des Okeetees (sélections, combos) car c’est vraiment ce qui me plaît le plus. Une femelle Extreme Okeetee Tessera d’une éleveuse anglaise est prévue l’année prochaine, sinon cela dépendra des spécimens que je croise. La reproduction n’est pas un but pour moi, j’en ferais peut-être quelques unes pour le plaisir de voir les bébés sortir de l’oeuf, mais le marché est assez saturé comme cela. Je pense privilégier la reproduction d’espèces moins courantes, et encore, la terrario étant pour moi essentiellement un plaisir d’observation.

Un Boaedon capensis doit prochainement rejoindre la famille, et je recherche un Elaphe climacophora. Un Morelia cheynei est également envisagé, si la place le permet. J’essaie de ne pas accumuler trop de serpents, refréner ma passion car derrière il faut les assumer. On verra donc comment cela se développera une fois un emploi fixe trouvé. Mais une pièce à reptiles est prévue, ne serait-ce que pour avoir un chat en appartement sans risque qu’il vienne traîner du côté des terrariums…

Voilà, je vous laisse avec une photo du petit Grenat après sa dernière mue ! Le marquage commence à bien se développer, et les couleurs à s’accentuer.

Bonjour tout le monde !

Voici un petit compte-rendu de l’arrivée de mon petit pantherophis à la maison. Il est arrivé le 8 Avril via France Express.

Je devais au départ aller le récupérer au magasin Jardiland près de chez moi, où l’éleveur faisait une expo-vente. Malheureusement, problème de communication duquel nous sommes tous deux fautifs, il a oublié ma petite bête et me l’a donc expédié gracieusement via France Express.

Grosse déception pour moi de ne pas avoir ma bête au jour dit vu tout le stress et l’attente, mais bon il est arrivé quand même !

Le mercredi matin, le livreur sonne donc pour me donner la grosse boîte en polystyrène qui renferme ma bête à écailles…

Bon petit problème : pas de chauferettes pendant le transport + températures extérieures proches de zéro, il faisait sacrément froid là-dedans… Heureusement le petiot bouge lorsque j’ouvre sa petite boîte plastique, c’est donc qu’il va bien !

Le livre de Stéphane Rosselle que j’avais acheté quelques temps auparavant sur le serpent des blés m’a servi, puisqu’en le feuilletant j’ai lu la procédure en cas de transport par temps froid. De plus, une heure plus tard l’éleveur m’appelle pour s’assurer que le petit est bien arrivé et me donner les conseils pour le réchauffer. Conseils que je vous retransmet sur la page dédiée à l’arrivée de votre protégé 😉

La première heure à température ambiante, le petit ne bouge pas, sûrement frigorifié et stressé… Puis peu à peu il se met à se balader dans les copeaux de bois de sa boîte de transport. Étant donné le stress du transport, il se fige au moindre mouvement, je le laisse donc tranquille toute la matinée.

Vers 14h s’effectue le transfert vers sa faunabox dont l’installation a été détaillée dans le post précédent 😉 Manipulation de très courte durée pour ne pas le stresser, juste le temps de le mettre dans sa boîte. De toute façon, il est très vif et se débat rapidement dans les mains. Il rejoint ensuite rapidement la sécurité d’une des cachettes de noix de coco.

Voilà, Grenat est arrivé à bon port 🙂 Il a vite pris une habitude dans son habitat : se blotir tout en haut des fausses feuilles, bien logé contre les paroies 🙂 Il n’en descend que pour se balader la nuit, et pour aller dans les cachettes lors de la digestion.

Grenat est donc un mâle Okeetee Abbott’s, qui d’après les premières mesures fait environ 50cm pour 12 grammes à environ 8 mois.

Vous voulez des photos ? Aller juste une, du jour de l’arrivée pour coller avec le thème du post 🙂 La prochaine fois, on abordera un peu soit le nourrissage, soit le suivi selon l’envie 🙂

Dans ce post je vais vous parler du matériel que j’ai préparé pour l’arrivée de mon premier Gutt.

Le matériel

Tout le matériel était préparé depuis au moins 2 mois. J’avais donc :

– Une faunabox 41*26*14 exo terra

– 2 cachettes en noix de coco

– 1 faux feuillage type ficus

– 1 tapis chauffant Repti Mat 7W 15cm x 15cm

– Du substrat de chanvre « snake bedding » exo terra

– Un thermostat Thermo Control Pro II Lucky Reptile

Comme c’est mon premier serpent, un juvénile de surcroît, j’ai choisis une fauna box pour lui éviter trop de stress, et le temps de prendre le rythme et les habitudes nécessaires aux bons soins de mon animal. Il passera ensuite en grand terrarium pour qu’il ait de l’espace.

L’aménagement et les branchements de la fauna box avaient été faits dès que j’avais acheté le matériel.

Mise en route de l’installation

5 jours avant l’arrivée de mon petit serpent, j’ai fait des tests « en réél », en réglant le thermostat aux bonnes températures et en laissant tourner, comme un aquarium. Pour faire mes mesures, la sonde du thermostat est dans la boîte, scotchée au-dessus du tapis chauffant, et deux thermomètres digitaux sont placés sur le substrat de chaque côté de la boîte pour mesurer point chaud et point froid.

Première constatation : le tapis chauffant n’est pas assez puissant. Après une nuit complète avec le thermostat réglé à 30 degrès, le point chaud est à 24 degrès. Même en enlevant le thermostat et en laissant chauffer le tapis librement, pas moyen d’atteindre la bonne température.

Donc achat en catastrophe d’un tapis plus puissant. Sachant que je vis près de Besançon en Franche-comté, une région où il y a pas tellement d’éleveurs de reptiles ou magasins spécialisés, c’était pas gagné.

Après 40€ dépensés dans le seul magasin spécialisé de la ville pour un tapis plus puissant même si un peu grand (Trixie 16W 20x30cm), nouveau test et… 27 degrès. C’est beaucoup mieux, mais c’est pas 30…

Deuxième constatation : le substrat en chanvre c’est bien isolant, car sous le substrat, la sonde m’indiquait bien mes 30 degrès. De plus, en mettant la main sur le substrat, on sentait pas beaucoup la chaleur.

J’ai donc viré le chanvre a regret pour mettre du sopalin… Et la température est bonne ! Environ 28-30 selon depuis combien de temps ça chauffe.

Moralité : pour les fauna box, le sopalin permet à la fois de faciliter le nettoyage, mais aussi et surtout d’atteindre plus facilement les bonnes températures.

2e moralité : Pas de tapis Repti Mat. Après discussion avec d’autres terrariophiles, il s’avère que c’est en plus une marque faite par Savannah, grossiste de reptiles impliqué dans des histoires de maltraitance des animaux… Et leur tapis chauffe pas terrible. Le vendeur m’a donné ça, c’était pas cher mais c’était un achat totalement inutile, surtout pour derrière re-dépenser 40€ dans un tapis que l’on trouve à 25€ sur internet. Mais achat en urgence dans le seul magasin spécialisé du coin, il fallait s’y attendre…

Donc pensez bien à tester votre installation en avance pour éviter de tels problèmes. Et renseignez-vous bien également sur le matériel que vous achetez. On trouve peu d’informations sur le type de tapis à prendre en fonction de la surface à chauffer, j’espère que mon expèrience pourra aider quelque peu.

Prochain billet : l’arrivée de la bête !

EDIT :

2 ans ont passé depuis cette arrivée. Depuis, j’ai découvert que, plutôt que de payer une faunabox de marque, des boîtes en plastique de rangement, que l’on trouve en supermarché, font le même travail pour moins cher, et en étant souvent plus grandes. Par contre, bien prendre du plastique alimentaire, sans toxicité. Et il vous suffira ensuite de bricoler un peu : avec un fer à souder, faire des aérations de chaque côté de la boîte, et sur-élever légèrement la boîte (avec des patins à meuble par exemple) pour laisser passer l’air entre le tapis et le meuble. Ah et bien caler le couvercle en fonction du type de boîte 😉 Ca demande un peu plus de préparation de la boîte mais permet d’économiser (pour un beau et grand terra définitif !) et d’apporter plus de place que dans la taille maximale de la faunabox Exo-terra.

En tout cas un conseil important : privilégiez une faunabox artisanale plutôt qu’un terrarium Exo-terra de 45cmx45cm ! Ces terrariums sont trop souvent conseillés par les vendeurs pour démarrer, puis jamais changés par la suite… C’est comme cela que l’on retrouve tellement de Pantherophis guttatus de 1 mètre 20 dans des terras de 45×45… Au moins avec une faunabox, vous aurez hâte de passer dans un grand terrarium 😉

Bonjour à tous, voici un petit post de présentation pour commencer cette partie blog.

Je suis terrariophile débutante, puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, et où j’ai écris le contenu de ce site, je n’ai encore jamais eu de serpent.Cela fait longtemps que j’ai craqué sur les pantherophis, depuis ma rencontre avec Richard Dijoux de Colubia Snakes quand je travaillais en animalerie-jardinerie. J’ai néanmoins patienté, car habitant chez mes parents et étant étudiante, ma situation n’était pas stable et je ne voulais pas imposer cette passion à mes parents.

Avec l’arrivée de l’indépendance et le passage en appartement prévu en Avril 2015, je me suis renseignée, documentée, ai pesé le pour et le contre dans l’achat d’un serpent.

Les raisons qui m’ont fait choisir un Gutt ?

– Le peu de temps à y consacrer (j’aime les animaux, mais je suis assez feignasse à certains moments et je ne voulais que cela nuise à mon animal…)

– Peu de place, peu de coût régulier (quelques souris par mois ça va…)

– Et bien sûr, la beauté et la fascination pour l’animal en tant que tel.

J’ai hésité un moment avec un Pogona, réputé « affectueux », mais le coût et le temps nécessaires à son alimentation m’ont fait retourner à mon premier amour de Gutt.

Avant cela, cela faisait déjà 2 ans que je me renseignais, et même durant mon séjour d’un an à Montréal, j’allais visiter les animaleries de reptile. J’ai même à un moment pensé à en prendre un sur place, mais beaucoup de compagnies aériennes sont compliquées quand il s’agit de ramener un animal, d’autant plus un serpent… Je n’allais pas risquer de faire bêtement du mal à mon serpent.

Ça a donc été un long travail de réflexion et d’attente. Cela va être mon premier animal à moi, grosse responsabilité donc, car j’ai toujours aimé les animaux, ai horreur de leur faire mal et je ne voulais prendre aucun risque… Je me suis donc documentée sur tout ce qui me passait par la tête, du nourrissage au nettoyage du terrarium, la fréquence des selles, tous les changements de comportement possible… Ce qui ne m’empêchera pas de paniquer à la moindre incertitude je pense. Et oui les animaux sont des êtres vivants (même si certains semblent parfois l’oublier), on s’y attache et on en prend donc soin.

Emménagement en avril, et serpent réservé depuis Décembre 2014 auprès de Richard. Et habitat prêt depuis Février. Plus d’un mois donc que je contemple la future maison de mon petiot. Le matériel détaillé et préparé pour son arrivée sera abordé dans un prochain post.

Oh la mutation au fait ? Ce sera un okeetee abbott’s ! Des contrastes forts, des couleurs vives, j’ai rapidement flashé dessus… Bien que j’ai hésité également avec un miami, qui viendra peut-être un jour…

Voilà pour ce post de présentation. La suite de ce blog racontera le quotidien avec ma petite bête, les découvertes, les évolutions. Cela me permettra peut-être également de mettre à jour certaines informations de ce site.

Donc c’est fini pour aujourd’hui, à une prochaine fois !

Kateline.