Articles sur l’herping français

Cette catégorie regroupe les articles d’actualité sur l’herpétofaune française, les bonnes pratiques de herping, mais aussi des articles de sensibilisation à la protection des reptiles français, la législation et les bons messages à communiquer.

Que vous soyez phobique ou non des serpents, vous tenez ces bêtes en horreur pour des raisons évidentes, ils sont dangereux et venimeux ! Une morsure est douloureuse et vous vous voulez vous protéger ainsi que votre famille. Et voilà que vous trouvez un spécimen chez vous ! Couleuvre ou vipère peu importe, comment s’en débarrasser ?

1- Ne le tuez pas !

Eh oui, les reptiles (lézards et serpents) de France sont tous protégés car leurs populations sont en déclins. La loi est énoncée comme suit : « Sont interdits, sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel. » (voir la loi complète) L’amende en cas de flagrant délit peut-être très salée et aller jusqu’à de la prison… Depuis Janvier 2021, cela concerne l’intégralité des 12 espèces de serpents présentes en France, et 10 espèces de lézards sur 22. Avant cela, les vipères avaient un statut à part, leur destruction était possible. En plus de la fragmentation de leurs habitats, cela impactait grandement leurs populations, déjà en déclin.

S’ils disparaissent, bonne nouvelle pensez-vous ? Non car ils sont un maillon essentiel de notre écosystème, notamment en se nourrissant de rongeurs pour les serpents et d’insectes pour les lézards (mais aussi pour les bébés serpents !). Avant que le chat ne colonise nos maisons, c’était entre autres le rôle des serpents de réguler les populations de rongeurs !

De plus, de fausses idées circulent sur les serpents. Déjà, tous les serpents ne sont pas venimeux, seules les vipères le sont. Mais venimeux ne veut pas dire agressif, bien au contraire ! Elles sont plutôt farouches et tranquilles. De toute façon, comme légalement vous n’êtes pas censé attraper un serpent sauvage, peu de risques de morsures ! Vous ne savez pas faire la distinction entre couleuvre et vipère ? Allez-voir cette page. De plus, les vipères n’inoculent pas leur venin à chaque morsure, car c’est très long pour elles d’en fabriquer. Une morsure de vipère sans venin est ce que l’on appelle une morsure sèche. Une morsure de serpent en général n’est pas si douloureuse, moins qu’une morsure de chat ! Et il y a plus de risque que votre chat ne tue le serpent que l’inverse…

Les décès par morsure de vipères en France par an sont compris entre 0 et 5 à cause de réactions allergiques au venin, alors qu’il y a 500.000 morsures de chien déclarées chaque année et qu’il y a eu 10 morts d’homme dans les élevages bovins juste en 2010 (source). Le nombre de serpents tués délibérément ou non par l’homme sont bien plus nombreux. Qui a le plus de raisons d’avoir peur de l’autre ?

Nous allons donc renommer cet article en…

5 moyens pour se débarrasser d’un serpent sans le tuer

Préambule : savoir à quel serpent on a affaire

Vipère ou couleuvre ? Savoir le type de serpent présent face à vous permettra d’adapter votre discours si vous appelez quelqu’un à l’aide, celui-ci saura à qui il a affaire et s’équipera en conséquence. Vous serez également rassuré.e de savoir si c’est une couleuvre par exemple, de simples gants suffisent à les attraper et les déplacer sans risques. Comment le savoir ? Si vous avez une photo, vous pouvez me l’envoyer par message sur Facebook, via le raccourci qui est toujours affiché en bas à droite de l’écran, ou via ce lien.

Je ne promets pas une réponse instantanée puisque c’est bénévole à côté de mon travail, mais vous aurez une réponse en quelques heures. Je vous indiquerai si c’est une vipère ou couleuvre ainsi que l’espèce (si possible en fonction de la photo), ce qui vous permettra de le préciser à votre interlocuteur suivant. Attention, je ne suis pas formée SOS Serpents et je n’interviens donc pas, mon but est de vous rassurer, de vous conseiller au mieux et de vous orienter vers les bonnes personnes au besoin.

1- Appeler un numéro SOS Serpents

Il existe un réseau de bénévoles, regroupés en antennes locales, qui se nomme SOS Serpents. Ces bénévoles sont des personnes habilitées et formées, qui savent reconnaître et manipuler les espèces françaises de serpent. Lorsque vous les appelez, elles sont donc capables d’identifier l’espèce présente chez vous et de vous conseiller. Elles effectuent le déplacement bénévolement pour récupérer et déplacer l’animal uniquement s’il s’est introduit à l’intérieur de votre habitation.

Voici les départements qui disposent de ce dispositif :

Chaque lien vous amène sur la page ou le document indiquant les coordonnées à contacter en cas de présence d’un serpent chez vous.

Comment se proposer bénévole SOS Serpents ?

Il n’y a pas de réseau SOS Serpents dans votre région, vous êtes passionné d’herpétologie et de sensibilisation et souhaitez participer à l’initiative SOS Serpents ? Contactez le GHRA (Groupe Herpétologique Rhônes-Alpes). Manipuler et déplacer des serpents demande des autorisations spéciales. Le GHRA propose les formations pour devenir bénévole SOS Serpents et c’est la seule structure actuellement autorisée à les dispenser.

2- Appeler les pompiers

De plus en plus de brigades de pompiers sont formées à la récupération de reptiles. Appelez-les et décrivez-leur le plus précisément possible l’animal (taille, couleur, forme générale). Cela les aidera à l’identifier et à vous conseiller. Les couleuvres sont fines, longues, avec la tête ronde et la pupille ronde, tandis que les vipères ont une tête triangulaire, une pupille fendue de chat et sont plus trapues. Ainsi ils interviendront rapidement pour relâcher le serpent loin de chez vous ! Attention, ne les appelez que si vous savez où se trouvent le serpent de manière certaine, donc gardez toujours un oeil sur lui. Ne leur faites pas perdre un temps précieux à fouiller toute la maison… Enfin, ne les appelez qu’en cas d’intrusion du serpent chez vous. Si vous avez juste croisé un serpent dans un parc, un champ, en bord de rivière, il s’agit de leur milieu naturel !

Assurez-vous de n’utiliser cette possibilité qu’en dernier recours ! Les pompiers ont de nombreuses missions et sont surtout là pour sauver des vies. Malgré la peur qu’ils génèrent, les serpents sont souvent inoffensifs. Évitons donc de les solliciter quand d’autres solutions sont possibles.

De toute façon, selon les régions et départements, les services téléphoniques de pompiers sont parfois formés pour renvoyer vers les contacts SOS Serpents les plus proches. C’est le cas pour les départements du Var et du Rhône.

3- Appeler une personne terrariophile si vous en connaissez

La terrariophilie consiste à avoir des animaux exotiques vivant en terrarium chez soi (lézards, serpents ou amphibiens donc). Les terrariophiles sont donc souvent habitués à manipuler des serpents. La plupart étant des amoureux des animaux et de la nature, si vous en connaissez ou que vous lancez un appel à l’aide sur Facebook (de nombreux groupes spécialisés existent), il y en aura sûrement un près de chez vous capable d’identifier l’animal (au moins vous dire si c’est une vipère ou une couleuvre) et vous conseiller à distance sur la manière de l’attraper pour le déplacer plus loin.

4- Fabriquer un crochet de fortune avec un cintre

Dans le commerce spécialisé, il y a de nombreux crochets et pinces conçues pour manipuler, saisir et déplacer des reptiles. Ces outils sont assez simples : un manche et un crochet au bout. Avec un balai et un cintre, vous pouvez sûrement en faire un afin de déplacer le serpent sans risquer une morsure ! Mettez-le alors dans un seau ou une taie d’oreiller, et ramenez-le en forêt ou dans un champ.

5- Attirez-le dans un piège sombre et chaud

Les serpents sont attirés par la chaleur car cela les aide à prendre des forces, et ils considèrent les coins sombres comme des cachettes. Si un serpent se trouve au milieu de votre cuisine, il cherchera sûrement à se cacher dans un coin sombre et couvert où il se sentira à l’abri. En installant un sac en tissu ou une boîte percée, vous avez des chances de l’attirer à l’intérieur et de pouvoir le remettre plus tranquillement dehors.

Si vous avez été confronté à un serpent chez vous, vous voilà prêt à mieux réagir s’il y a une prochaine fois !

Les reptiles français luttent pour survivre sur notre territoire, entre les chats toujours plus nombreux pour les traquer, leur milieu naturel (forêt, champs) qui tend à se réduire et les accidents de la route (les routes goudronnées qui leur permettent de se réchauffer sonnent parfois leur fin), n’y ajoutons pas la main déterminée de l’homme alors que la plupart des serpents sont inoffensifs !

Comme on l’a déjà dit, les terrariophiles sont des passionnés de tous les animaux. Mais logiquement, encore plus des reptiles. Ils devraient donc avoir une plus grande sensibilité aux espèces françaises, à leur législation et leur sauvegarde ? Si on en croit les réseaux sociaux, ce n’est pas forcément le cas… Combien de posts sur Facebook de terrario qui ont observé un serpent in situ mais n’ont aucune idée de l’espèce, ou pire, qui ont ramené chez eux ou capturé un reptile sauvage ?

Bien sûr ce n’est pas une généralité. Mais il faut bien admettre que les terrariophiles ont parfois des lacunes en espèces françaises, alors qu’ils devraient être les premiers intéressés.

Sensibiliser sur les reptiles sauvages pendant les bourses aux reptiles ?

Fort de ce constat, Steeve Gilly des Reptiliades de Nîmes a lancé un appel pour créer des documents de sensibilisation à exposer durant l’évènement. Le but est de toucher les terrariophiles sur place, mais aussi le grand public qui viendrait se promener par curiosité sur l’événement.

Les principaux animaux concernés par cette sensibilisation ? Les serpents. Victimes de nombreux préjugés, ils sont nombreux à périr sous les coups de branches/pelles/bottes chaque année par ignorance, alors qu’ils sont déjà largement menacés. Les orvets sont également des victimes collatérales fréquentes de la mauvaise réputation des serpents, puisqu’ils sont souvent confondus avec eux (pour rappel, les orvets sont des lézards, pas des serpents). Le sud de la France, où vivent de nombreuses espèces de serpents, est très concerné par ce genre de tueries inconscientes.

Guttatophiles a donc répondu à l’appel, et a réalisé plusieurs documents qui seront exposés durant les Reptiliades. Un stand spécial y est dédié, n’hésitez pas à y passer !

Participer à la sensibilisation du grand public

Si les terrariophiles sont les premiers concernés par le respect des espèces françaises, il serait également logique d’être les premiers à participer à leur sensibilisation et leur sauvegarde ! J’espère donc que ce genre d’initiative de la part de bourses aux reptiles générant de nombreuses visites se multiplie.

Justement, pour que le travail effectué serve à tous les organisateurs d’événements, mais aussi à ceux qui souhaiteraient relayer ce genre d’informations et messages de sensibilisation, un groupe spécial a été créé sur Facebook. Nommé « Sensibilisation à la protection des reptiles français », il a pour but de partager les événements et conférences liés à l’herpétofaune française, des photos d’observations, mais aussi les initiatives de ce genre. Un dossier drive collaboratif, accessible via le groupe, permet à tous de créer des documents de sensibilisation, qui peuvent ensuite être partagés par tous, et utilisés dans le cadre de bourses aux reptiles.

Vous avez des idées de documents à réaliser ? Avez envie de vous renseigner sur les espèces de reptiles françaises ? Envie de partager vos photos d’observations de l’herpétofaune ? N’hésitez pas à rejoindre le groupe 🙂

En joignant les efforts de tous les passionnés des reptiles, j’espère que nous pourrons communiquer largement auprès du grand public pour qu’ils se rendent compte de leur erreur lorsqu’ils tuent un serpent, mais également de l’importance que peut avoir l’herpétofaune française dans leur bulle écologique et des dangers qui pèsent sur elle.

N’hésitez pas à dire en commentaires ce que vous pensez de ce genre d’initiative ! 🙂

Je vous conseille également une page Facebook de sensibilisation à la faune française intéressante : Reptiles et Amphibiens de France et d’Europe

(Cet article n’est pas sponsorisé par les Reptiliades ou tout autre organisme, c’est juste un partage d’une action qui me semble intéressante et à laquelle j’ai participé et participe)

Le Muséum d’Histoire Naturelle a informé le 22 juin 2017 qu’une nouvelle pathologique fongique (champignon), originaire des Etats-Unis, a été détectée.

Cette maladie est provoquée par le champignon nommé Ophidiomyces ophiodiicola. Il provoque des lésions cutanées qui défigurent le serpent, l’empêchent de manger et provoquent sa mort. La pathologie a été nommée SFD : Snake Fungal Disease (maladie fongique du serpent).

D’abord détectée aux Etats-Unis, celle-ci y infecte une quinzaine d’espèces, comme :

  • Sistrurus catenatus, une espèce de crotale à sonnettes,
  • Nerodia sipedon,
  • Coluber constrictor,
  • Pantherophis obsoletus
  • Crotalus horridus,
  • Sistrurus miliarius,
  • Lampropeltis triangulum.

Entre 2006 et 2007, elle aurait réduit de 50% la population de Crotalus horridus dans l’état du New Hampshire.

Vous trouverez des photos de cette maladie sur la page du site USGS dédiée à cette maladie.

La maladie serait présente dans la nature aux Etats-Unis et au Canada, mais a aussi été détectée chez des serpents en captivité en Angleterre, en Australie et en Allemagne. L’agent pathogène a également été trouvé chez des vipères et des couleuvres à collier sauvages au Royaume-Uni.

Le vecteur de propagation n’a pas encore été identifié. Et si la maladie a été détectée aux Etats-Unis à cause de la mortalité qui frappe certaines espèces, son origine initiale est peut-être autre.

Le problème que pose la présence de cette maladie chez des spécimens en captivité, est que l’on peut en cas de herping, imaginer que le propriétaire d’un reptile infecté transmette involontairement la maladie à des spécimens sauvages.

Des serpents importés et porteurs, relâchés dans la nature, pourraient aussi très bien contaminer les populations sauvages.

Les serpents autochtones sont déjà suffisamment en danger, nous n’avons pas besoin de leur ajouter ce fléau… D’autant que cela pourrait aussi impacter nos populations captives de terrariophilie.

Si vous faites du herping, évitez donc de manipuler des serpents (pour rappel, c’est d’ailleurs interdit par la loi… On regarde mais on ne touche pas 😉 ).

Une maladie similaire pourrait menacer nos tritons et salamandres françaises. Il s’agit de Batrachochytrium salamandrivorans, un champignon origine d’Asie du Sud, arrivé par les amphibiens d’importation. Pas encore détecté en France, il progresse néanmoins en Europe. Si certaines maladies sont inoffensives pour les espèces du pays d’origine du champignon, c’est parce qu’elles cohabitent avec cette maladie depuis des milliers d’années, et ont développé des anticorps. Ce qui n’est pas le cas des espèces du reste du monde.

Ceci pour faire prendre conscience que la mondialisation et le commerce d’espèces exotiques peut menacer nos espèces locales. Comme l’ont fait plus directement les tortues de Floride ou les écrevisses américaines, en attaquant les œufs de poissons et d’amphibiens de nos mares et rivières.

En conclusion ?

  • Ne relâchez jamais un reptile exotique dans la nature ! Il peut concurrencer des espèces locales, ou apporter des maladies auxquelles nos reptiles français ne sont pas préparés. Des associations de reptiles ou des groupes Facebook de dons existent pour replacer vos reptiles.
  • Évitez de manipuler les reptiles et amphibiens sauvages. Sans le savoir, peut-être leur transmettrez-vous une des maladies citées.
  • Si vous remarquez des symptômes étranges chez des amphibiens ou reptiles sauvages, prenez des photos, notez l’endroit où vous l’avez trouvé et informez un organisme de protection des animaux (LPO, ONCFS, Société herpétologique de France…)
  • Privilégiez les espèces NC. La terrario possède déjà énormément d’espèces reproduites en captivité, vous y trouverez sûrement votre bonheur 😉 Cela évitera des prélèvements qui participent peut-être à la propagation de maladies.

Consultez l’article de la Ferme Tropicale partageant le communiqué du Museum d’Histoires Naturelles pour plus d’informations.