La cohabitation chez le Pantherophis guttatus
Peut-on avoir plusieurs serpents dans le même terrarium ?
Le sujet de la cohabitation est un sujet souvent polémique chez les personnes qui maintiennent des Gutt. L’auteur ne le conseille pas au vue des risques que cela peut présenter pour les animaux.
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J’entends souvent sur les groupes « Ils sont encore jeunes j’ai le temps de voir venir, je les séparerai plus tard ».
Pourtant, ils sont capables de se reproduire très tôt, plus tôt que beaucoup de gens le pensent, et souvent bien avant que la femelle n’ait les capacités d’assurer une ponte sans danger.
D’après Kathy Love, dans son livre “Corn Snakes – The Comprehensive Owner’s Guide”, les jeunes de tous sexes peuvent se reproduire dès qu’ils atteignent la taille de 76cm, ce qui peut arriver dès 9-10 mois avec un nourrissage intensif en captivité.
Dans la nature, ils ne se reproduisent généralement qu’à partir de 2-3 ans, après avoir dépassé une taille d’1 mètre.
Le record de la plus jeune femelle à se reproduire en captivité est détenu par une Gutt de 68cm et 9 mois, et s’est produit à cause d’une cohabitation entre frères et sœurs. Ce n’est pas un exemple à suivre ! Cela peut aboutir à une rétention d’œufs dangereuse pour la vie de l’animal.
Vous voilà prévenus.
Les serpents, et les reptiles en général, sont des animaux solitaires qui n’éprouvent pas le besoin d’être avec leurs congénères, hormis pendant les périodes de reproduction. Les personnes qui font des cohabitations le font essentiellement pour les reproductions pendant une période donnée, ou par gain de place ou plaisir personnel. J’ai fais de nombreuses recherches pour le vérifier, aucune étude scientifique n’indique que le serpent des blés fait partie des espèces sociables qui ont besoin d’être maintenus en groupe. Attention à ne pas faire d’anthropomorphisme.
Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous dire que la cohabitation entre ses spécimens se passe bien. Ce que ces personnes oublient souvent de dire, c’est qu’elles sont les conditions pour que cela se passe bien, et surtout, depuis combien de temps les animaux sont ensemble. Si la cohabitation dure depuis quelques semaines ou mois, voire même 1 ou 2 ans, cela ne signifie rien. Ce sont des animaux qui peuvent vivre 25 ans, que représente une expérience positive sur une période aussi courte ? Si la cohabitation ne posait aucun problème, les éleveurs professionnels garderaient les femelles ensemble pour gagner encore davantage de place dans leur élevage. Vérifiez les vidéos de Reptilis par exemple, les reproducteurs sont bien tous maintenus séparément, et mis en contact uniquement pour la reproduction.
Cette page contenait auparavant des conseils pour une cohabitation avec des risques limités. Toutefois, le risque zéro n’existe pas, et des personnes ont tout de même eu des problèmes. Donc je ne cautionne plus le moindre risque pour l’animal en retirant cette partie.
En effet, on admet parfois que deux femelles de même taille peuvent cohabiter. C’est éclipser un problème essentiel en terrariophilie : l’erreur de sexage. Chez les serpents, la technique de sexage chez les juvéniles est l’éversion. Or cette technique n’est pas fiable. Aucun éleveur même le plus réputé ne peut garantir un sexage parfait avec cette méthode. Une erreur de sexage ne montre pas une incompétence de la part de l’éleveur, mais simplement la limite de cette technique. Il suffit que le juvénile soit un peu vigoureux, qu’il contracte correctement les muscles, et les hémipénis ne sortent pas. Il faut alors attendre que le spécimen soit adulte pour sexer à la sonde.
Le sexage à la sonde n’est également pas fiable à 100%. Des erreurs de sexage ont été recensés avec cette méthode également. Non pas, là non plus, liés à une incompétence de la personne, mais cela peut venir d’une différence de morphologie de l’animal. Le sexage repose sur le fait que les mâles ont des poches longues pour loger les hémipénis. Mais un mâle peut avoir des hémipénis plus courts, et à l’inverse des femelles peuvent être dotées de poches plus longues sans avoir d’hémipénis.
La seule méthode pour éviter tout problème de cohabitation est donc de ne pas faire cohabiter. Si vous n’avez pas la place pour un terrarium supplémentaire, revoyez votre projet. Si vous prenez le risque de faire cohabiter, assurez-vous d’avoir un vétérinaire NAC proche de chez vous. En cas de cannibalisme, cela ne sera pas très utile sauf si vous vous en rendez compte à temps. Mais en cas de reproduction trop tôt et de rétention d’œuf, le vétérinaire sera quasiment indispensable.
Exemple de combat entre deux Pantherophis guttatus mâles adultes. Cela peut ressembler à un accouplement, à la différence que les deux essaient de prendre le dessus sur l’autre, et que les cloaques ne se touchent pas.
Crédit vidéo © Julien Musial