Je vois souvent la question sur Facebook « combien coûte telle mutation ? », ou «j’ai vu ce serpent à X euros, est-ce que c’est un bon prix ?». Le prix de Pantherophis guttatus d’une même mutation fluctue en fonction de plusieurs critères. Cet article n’a pas pour but de vous donner des tranches de prix par mutation, mais simplement de faire comprendre les différences de prix qui existent au sein du hobby terrariophile.
Une différence de prix en fonction de l’âge
Déjà, de manière générale, un serpent des blés adulte est plus cher qu’un juvénile. Cela s’explique par plusieurs choses :
- Un adulte est directement en âge de reproduire (pour la partie « business »…),
- Un adulte a demandé plus de coût (nourrissage, équipement) qu’un juvénile.
Un serpent adulte est donc généralement plus cher. Cela n’est toutefois pas toujours valable lors de la vente par des particuliers qui souhaitent se séparer rapidement de leur adulte pour diverses raisons.
Une différence de prix selon la mutation
Comment peut-on trouver des Pantherophis guttatus à 10€ et d’autres à 1000€ ? Cela vient des types de gènes. Un gène récessif garde généralement un « marché » plus stable qu’un gène dominant. Cela tient au fait qu’un gène dominant se multiplie bien plus vite qu’un gène récessif, puisqu’il suffit d’un parent porteur du gène pour transmettre ce phénotype à une partie de sa descendance, quand il faut un couple porteur pour un gène récessif. Par exemple le Tessera, découvert en 2007, a commencé à être plus largement reproduit à partir de 2009. En 8 ans, le prix a énormément baissé, puisque l’on trouve très facilement des Tesseras « simples » à 100€ voire moins aujourd’hui. Tandis que le Scaleless, gène récessif (issu d’hybridation pour rappel, donc nommé Pantherophis sp scaleless) découvert en 2002, est encore largement au-dessus de 100€ pour un spécimen « simple » (quand j’utilise le terme simple, cela veut dire un spécimen portant le gène seul, sans combo).
Au sein des gènes récessifs alors, qu’est-ce qui différencie le prix ? Plusieurs choses : la rareté du gène, mais aussi l’offre et la demande. Amelanistique et Lavender sont deux gènes simples récessifs, mais le Lavender est moins courant et très apprécié grâce à ses teintes délicates de rose. Les spécimens sont souvent vendus plus cher qu’un spécimen albinos (Amela) du même âge. Logiquement, plus un spécimen a de gènes et de het, plus la génétique est intéressante, plus il va être vendu cher.
Les spécimens het peuvent également être vendus plus cher qu’un spécimen classique sans het. Le het en question va « valoir » plus cher en fonction de la rareté. Par exemple un classique het scaleless coûte plus cher qu’un classique het amelanistique. De même qu’un het Palmetto atteignait à une époque une somme à 4 chiffres…
En parlant du Palmetto. Ce gène récessif récent (le premier spécimen a été découvert en 2008) reste aujourd’hui assez cher, bien que le prix ait énormément baissé ces dernières années. Il se vend encore aux alentours de 4000$ le homo Palmetto aux US, 1500$ un het Palmetto. En Europe, le tarif tournait ça autour de 1000-1300€ en 2018, mais des spécimens adultes se trouvent à présent à 700 € chez des professionnels, et à 300 € chez des particuliers. Cela vient du fait que, contrairement au Tessera, le projet est longtemps resté entre les mains de la première personne à le travailler, Don Soderberg de South Mountain Reptiles, afin justement de garder un prix haut. Cette pratique était dûe notamment justement de la baisse rapide du prix du Tessera, cette fois l’éleveur a essayé de « stabiliser » le marché.
Il est souvent dit par les américains que les européens cassent les prix. Allez voir sur des groupes ou des pages de vendeurs américains, pour de même mutations, les prix sont loin d’être les mêmes. Nous n’avons donc pas de raison de nous plaindre, quand acheter un serpent des blés est accessible aujourd’hui dès 10 € pour un classique.
La loi de l’offre et la demande
La vente d’animaux reste un « marché ». Certaines mutations sont donc plus ou moins sujettes à la loi de l’offre et de la demande. Le scaleless par exemple est encore très apprécié et recherché.
Les combos blizzard ou snow sont également recherchés et peuvent être plus chers que d’autres combos. Les sélections (Okeetee Abbott par exemple) sont également populaires et nécessitent un travail bien plus long en amont. Un okeetee est une localité, pas de gène là-dedans (sauf si issu d’un couple avec des gènes récessifs bien sûr) et ils restent plus chers que des classiques et avec un prix relativement stable (autour de 30-40€). En effet, leurs couleurs vives en font des spécimens toujours autant appréciés.
Le type de vendeur
Dernier point et non des moindres qui fait fluctuer le prix de deux animaux « identiques » : le vendeur. Non pas le vendeur en tant que personne, mais comme type de personne.
Je distingue :
- L’animalerie (spécialiste ou généraliste),
- L’éleveur professionnel,
- L’éleveur amateur.
Les prix des serpents en animalerie
C’est souvent en animalerie que les prix sont les plus élevés.
Cela s’explique par plusieurs choses :
- Ils ne sont souvent pas éleveurs, donc ont déjà un prix d’achat à prendre en compte dans leur prix de revente,
- Ils ont bien plus de frais que les autres.
Les animaleries, contrairement aux éleveurs qui reproduisent chez eux, ont une marge à ajouter pour pouvoir vivre, et prendre en compte : les charges liées au bâtiment, les installations, les salaires des employés… Donc bien sûr que ce sera toujours plus cher qu’en passant par un éleveur qui fixe un prix selon son bon vouloir.
L’éleveur professionnel
Par éleveur professionnel j’entends un éleveur déclaré comme auto-entrepreneur, qui a un numéro SIRET et déclare ses revenus. Celui-ci prend également en compte le prix de ses installations, de son investissement dans ses couples, et le coût de maintien des animaux pour fixer ses prix. Un éleveur restera plus cher que n’importe quel particulier sur leboncoin.
L’éleveur amateur
Par éleveur amateur j’entends une personne qui possède un couple de Gutt et qui vend ses reproductions. C’est en gros un passionné particulier, qui n’est pas enregistré comme professionnel et ne déclare rien. La loi encadre cette pratique, cela ne doit pas dépasser les quotas fixés ni être faits de manière importante et régulière (exemple : 15 reproductions tous les ans).
Il vend en général ses reproductions sur leboncoin ou sur les groupes Facebook. Le prix ? C’est lui qui le fixe, il peut donc vendre « à perte ». Et c’est aussi en raison de ces personnes que les prix baissent énormément et que des professionnels sont de plus en plus précaires.
Tant pis pour les pros me direz-vous, ils ne pensent qu’à l’argent ? Mais c’est grâce à ces passionnés particuliers, qui souvent ne vivent pas que de leur passion, que certains combos ou mutations se diffusent. Car ce sont eux qui, par passion, sont prêts à investir des sommes monstres pour acquérir les premiers Palmettos européens par exemple, afin de les reproduire et pouvoir les proposer.
L’acheteur a un droit et un devoir, pas que dans le reptile. Par son achat, il fait un vote, il montre une décision. Privilégier quelqu’un qui vend pas cher, mais dont il n’a aucune idée ni des méthodes de maintien, ni de l’éthique, ou privilégier quelqu’un avec une mentalité transparente, qui reproduit par passion et plaisir, avec des méthodes de maintien respectueuses de l’animal ?
Je vois souvent conseillé sur les groupes d’éviter les sauvetages en animalerie. Car en acceptant d’acheter un animal mal maintenu, mal en point, on contribue à maintenir cette animalerie malgré ses méthodes.
Acheter un animal est un acte important. Ce n’est pas un objet mais un être vivant, qui mérite votre amour avant votre respect pour sa valeur financière. Si vous le pouvez, choisissez bien l’éleveur à qui vous achetez votre animal. Et ne crachez pas sur les animaleries parce qu’elles ont des prix plus importants, elles ont également des contraintes car elles font vivre directement leurs salariés de leur activité.
Ce n’est pas une critique des éleveurs particuliers, juste un appel à réfléchir, à savoir fixer un prix juste, à comprendre les prix pratiqués dans le domaine, et surtout à juger son animal sur votre affection pour lui et non sa valeur financière.
Même s’il serait mieux que les particuliers qui ne veulent pas de petits ou qui n’y connaissent rien en génétique arrêtent de mettre des couples ensemble, ça enlèverait pas mal d’annonces déjà :p
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